CREDITS PHOTOS: NAELLE.
Il y avait de l'ambiance en Bretagne ce week-end, au stade André Fresnais à Rennes, où se déroulait le premier plateau de la Nationale 1 pour la zone nord. Dans la joie et la bonne humeur, ce sont neuf équipes, dont certaines ont dû traverser plus de 800 km, qui se sont rassemblées pour disputer cette importante étape de la compétition. Nos reporters, Doux Dauphin, joueuse chez les Pétroleuses, et Naelle, arbitre Caennaise, toutes deux venues accompagner les Leopard Avengers du roller derby Caen, étaient sur place. Dans cet article, elles nous invitent à plonger dans les coulisses de cette étape du championnat et nous offrent également une petite interview des diférentes équipes présentes. Dans les coulisses d'un week-end derbyesque, retour sur cet évènement aux accents plutôt "salés" que "doux".
J-3 : C'est le dernier entraînement d'équipe à la maison; sur le track, les derniers coups de hanches sont donnés, les dernières chutes sont faites (et plus à faire), les stratégies sont peaufinées. On prends soin de soi et de ses coéquipier.ere.s et surtout on évite de se casser quelque chose avant l'étape !
J-1 : On prépare ses affaires, on fait des listes pour ne surtout rien oublier, on fait le plein de bananes, de barres de céréales, et de bonbons pour la route. Le protège dent lavé et les protections de rollers à l'odeur si particulière rangées, nous sommes fin prêt.e.s pour en découdre avec l'adversaire.
Le jour du départ. Les trajets se font en team, en train, en voiture ou en avion et aussi parfois en minibus de location. Il y régne une ambiance de colonie de vacances. Il faut bien choisir son camp car dans l'un la musique, au goût parfois discutable, y sera jouée à fond et dans l'autre, c'est au rythme des ronflements que le chauffeur avalera les km.
Arrivé.e.s au gymnase qui nous reçoit, il est temps de se présenter à l'accueil, enfiler son bracelet d'événement, et repérer la machine à café, le catering, et les toilettes : les trois emblèmes indispensables pour passer une étape dans les meilleures conditions. Le stress monte d'un coup, les regards en coin fusent et se croisent, entre les joueuses des différentes équipes, on se jauge. On fait des signes de mains à nos supporters qui se sont déplacés pour nous encourager, et les grignotages d'avant match commencent.
Le premier match est annoncé pour 10h30, et ce sont les Léopard Avengers de Caen et les All Star de Metz qui ouvrent le bal. L'heure est venue pour elles de braver ce froid d'automne pour un off skates à l'extérieur. Course à pied, abdos et exercices pour se réchauffer, faire monter le coeur, mais pas trop, et relâcher la pression. Un dernier cri de guerre avant de rejoindre les vestiaires pour s'équiper. Il y règne une atmosphère de concentration, la préparation au combat, le silence avant la bataille. Les tenues fétiches à paillettes pour certain.e.s, les tenues sobres pour d'autres, les maillots aux couleurs de l'équipe sont fièrement enfilés et le bench entame son discours motivant.
On quitte le doux refuge des vestiaires pour entrer dans l'arène, une banane dans une main, une gourde dans l'autre. Un nouvel échauffement mais en patins cette fois, afin de tester le sol et ses roues, se mettre dans l'ambiance du match, en évitant de se "tauler" toute seule et magistralement, devant l'autre équipe, qui vous observe avec grand interêt, pour savoir à quelle sauce elles "mangeront ou seront mangées".
Le speaker annonce le début du match, les équipes, joueurs.se par joueurs.se, et, tûûût, le coup de sifflet de début du match résonne dans le gymnase. Le premier jam donne le ton, nous plonge dedans, il est souvent précipité, raté pour certain.e.s, motivant pour d'autres. Ça y est, il est temps de tout donner !
Au total, cinq matchs se sont enchaînés dans cette journée de samedi. Les équipes The Rolling Candies d'Amiens et All Star de Metz ont eu la chance de disputer deux matchs dans la même journée, aucun doute qu'elles dormiront bien le soir même. La journée fut forte en émotions, avec des matchs tantôt déséquilibrés mais non moins très intéressants, et tantôt très serrés, jusqu'au dernier moment. Les équipes n'ont rien lâché, en nous proposant du beau jeu, sans blessures, ce qui est plutôt salutaire.
Le soir, un After était proposé pour celleux qui le souhaitaient. D'autres ont préferé profiter de la haute gastronomie des Bretons en allant au restaurant pour partager un moment de plaisir bien mérité, autour d'une galette, une crêpe et du cidre. Quand on part en weekend derby, on se dit qu'on va faire une grosse soirée le samedi soir pour fêter la journée qui vient de se dérouler, mais en vérité, la plupart du temps, les joueuses sont crevées et ça se finit souvent par l'envie de rentrer se mettre sous la couette, le plus tôt possible. L'heure d'arrivée à la chambre a sonné, parfois une location d'appartement, parfois l'hôtel. Le tout est à ce moment de bien choisir sa chambre et ses coéquipier.e.s de nuit, afin d'éviter ronfleur ou autre bavard de nuit. On arrive, on choisit son lit, on prend sa douche, et on pense à ouvrir son sac de roller, pour aérer ses protections, et en faire profiter olfactivement toute la chambre.
Après une grosse nuit de sommeil, et un solide petit déjeuner de champion, une nouvelle grosse journée de match commence. Ce jour là, ce sont Les Simones d'Orléans qui auront la chance de disputer deux matchs le même jour, dont le match final. Et quel dernier match ! Elles finissent le bal contre Les Déferlantes de Rennes, pour un match qui a tenu en haleine tout le public, car les Simones, après une "déferlante" de fautes, finiront leur match à 6 joueuses. Le public était en liesse, les encouragements fusaient de partout, certain.e.s s'acharnaient sur leur portable à se connecter sur le site de la FFRS pour trouver la règle stipulant à partir de combien de joueuses restantes l'équipe devait déclarer forfait.
Au final, après une lutte acharnée, des stratégies pour gagner du temps, et du très beau jeu, les Simones l'emporteront contre Rennes, 219 à 158.
Il est temps à présent de rentrer se reposer, et de continuer à s'entraîner pour la deuxième étape de N1 qui se déroulera le weekend du 29 février - 1er mars.
Pour les curieux.ses qui souhaiteraient en connaître plus sur les équipes présentes ce weekend là, voici quelques petites interviews avec chacune d'elles :
Naelle et Doux Dauphin
LES LEOPARDS AVENGERS
Les Léopard Avengers de Caen, d’où venez-vous ?
« Nous venons de descendre d’élite, suite a beaucoup de départ, changement dans le coaching. Donc assez logiquement nous sommes descendues en N1. Nous découvrons ce championnat et c’est cool. »
Quels sont vos objectifs pour ce championnat ?
« Nous visons le haut du tableau en cherchant à reconstruire le collectif. »
Quel est votre état d’esprit ?
« Nous avons vraiment envie de reconstruire des choses collectivement et repartir sur de nouvelles bases solides. La victoire compte seulement si le collectif est là. »
LES ENCASTREUSES
Les Encastreuses, d’où venez-vous ?
De Paris, nous avons fondé le club en 2011-2012, cela fait au moins deux ans que sommes en N1. Mais à l’origine nous étions en N2.
Quels sont vos objectifs pour ce championnat ?
« Cette saison est un peu particulière, car nous avons eu beaucoup de départs, mais notre idée première est de recréer un collectif et de continuer à progresser dans le classement WFTDA. Pour ce championnat, l’idée c’est de se maintenir voire de viser le haut du classement. »
Quel est votre état d’esprit ?
« Nous avons beaucoup de doute, nous sommes neuf sur cette première étape. Nous cherchons à créer une cohésion et d’y aller un peu en mode Yolo. »
LES GLORIOUS BASTARDES
Les Glorious Batardes, d’où venez-vous ?
De Lomme, près de Lille, nous étions en N1 l’année dernière, nous venons l’année précédente de la N2.
Quels sont vos objectifs pour ce championnat ?
Nous avons pas mal de changement dans l’équipe, nous avons envie de reconstruire un nouveau collectif. Et bien sûr de gagner le championnat.
Quel est votre état d’esprit ?
Nous avons un mental fort, qui fait la force de notre équipe. Même si on ne gagne pas tout le temps nous arrivons toujours à reconstruire quelque chose. Nous sommes proches les unes des autres et on se fait confiance, ce qui fait que nous sommes toujours contentes de ce qu’on fait, même si on ne gagne pas tout le temps.
LES SIMONES
Les Simones, d’où venez-vous ?
D’Orléans, nous étions en N2, il s’agit de notre première étape en N1.
Quels sont vos objectifs pour ce championnat ?
Avant le match nous nous disions « bah, on va aller aux play-offs », et nous avons revisité complètement nos objectifs, donc, nous voulons faire des beaux matchs et nous maintenir en N1.
Quel est votre état d’esprit ?
Nous avons réussi à mettre en place les stratégies que nous voulions sur le jeu, en « chaud-patates » pour le second match. Cette année nous sommes un petit collectif, nous avons un roster de 10 et nous voulons nous concentrer sur l’équipe et essayer d’être bien ensembles pour tout donner.
LES DEFERLANTES
Les Déferlantes, d’où venez-vous ?
De Rennes, nous venons de la N2, l’année d’avant nous étions en N1, nous avons passé deux ans à nous battre pour rester en N1, et après un an en N2, nous revoilà en N1.
Quels sont vos objectifs pour ce championnat ?
Nous voulons nous maintenir, nous comptons gagner nos deux matchs sur la deuxième étape pour nous maintenir en N1.
Quel est votre état d’esprit ?
Nous avons une nouvelle équipe, mais c’est un beau collectif, c’est sans doute le plus beau collectif qu’on ait eu en déferlantes depuis longtemps. C’est un collectif jeune, mais beaucoup plus soudé. L’apport des nouvelles personnes dans ce collectif donne une solidarité plus importante, le rend plus solidaire. Nous arrivons à créer des choses très positives.
LES QUEDALLES
Les Quedalles, d’où venez-vous ?
De Paris, nous sommes en N1 depuis plusieurs années.
Quels sont vos objectifs pour ce championnat ?
Nous voulons tout gagner, et aller jusqu’au bout. Nous voulons tout gagner même si on ne peut pas monter en élite. Le tout en s’amusant.
Quel est votre état d’esprit ?
On s’est bien amusé, nous avons réussi à créer une vrai cohésion d’équipe.
LES HELL' ASS DERBY GIRLS
Les Hell's Ass, d’où venez-vous ?
De Strasbourg, l’année dernière nous étions en N1, et sommes de retour avec grand plaisir dans ce championnat N1.
Quels sont vos objectifs pour ce championnat ?
Notre objectif est de nous maintenir, et on va essayer de gagner le plus de matchs possible. A l'entraînement, nous travaillons pleins de choses et on espère l’appliquer en championnat, imposer notre jeu et jouer propre, mais bien-sûr gagner.
Quel est votre état d’esprit ?
Cette année nous recomposons notre collectif, nous avons décidé de faire une équipe championnat et une équipe hors-championnat. Donc cette année notre état d’esprit est de reformer une équipe. Nous essayons d’être le plus positive possible, appliquer notre jeu, ne pas subir et être fières de nous.
LES ALL STAR DE METZ
Alors Metz d'où venez-vous ? Étiez-vous déjà en N1 l'année dernière ?
Le Roller Derby Metz Club a été créé en 2010.
Il y a deux ans, le club était en N1. Il y a eu pas mal de mouvement dans l'équipe, et nous avons fait le choix de réunir notre équipe A et notre équipe B en une seule et même équipe. Pour reconstruire un collectif solide, nous avons décidé de descendre en N2. Nous sommes allées jusqu'au play off, mais malheureusement, nous nous sommes classées 7e/8.
A la fin de la saison, la FFRS nous a proposé une place en N1, parce qu'une équipe s'était désistée. On a pesé le pour, le contre, et on s'est lancée !
Quels sont vos objectifs pour ce championnat ?
Aller le plus loin possible tout en renforçant le collectif.
Pour certaines filles de l'équipe, c'est la première fois en N1, d'autres ont déjà plus l'habitude. Il s'agit donc de développer un niveau de jeu qui nous permette de nous faire une véritable place dans le championnat N1.
Quel est votre état d’esprit ?
"On lâche rien" C'était la chanson d'entrée qu'on avait choisie pour les play-offs. Face à la difficulté et à l'adversité, on ne lâche rien.
LES ROLLING CANDIES
Les Candies, d’où venez-vous ?
Nous sommes des joueuses Picardes, originaires d'Amiens et ses alentours.
Quels sont vos objectifs pour ce championnat ?
On s'est saisi de notre belle progression de la saison passée pour monter en N1 cette année. C'est une belle opportunité pour nous, même si nous avons longtemps hésité avant de prendre cette décision. Il en ressort que notre objectif sur ce premier plateau est de recréer un collectif avec un minimum de joueuses.
Quel est votre état d’esprit ?
L'idée est d'insuffler un esprit d'équipe solide pour se faire plaisir sur le track même en petit nombre. Une full jammeuse avec des bloqueuses qui ont pris la relève. On connaissait nos points faibles, nous voulions vérifier nos points forts, et que ces rencontres en N1 soient formatrices!